Sadomasochisme, entre confiance et imagination
Douleur, domination, soumission, c’est un peu l’image que l’on se fait du sadomasochisme.
Pourtant 40% des Français auraient déjà eu une expérience de bondage ou sadomasochiste une fois dans leur vie*.
En effet, cette pratique sexuelle abrite un cadre sécurisé où il est parfois plus simple d’être en confiance et de laisser libre cours à son imagination. Encore faut-il oser se lancer ? On vous éclaire.
Le sadomasochisme est une des pratiques sexuelles les plus sulfureuses. Elle fascine autant qu’elle intrigue. Comment est-il possible de concilier douleur et humiliation tout en prenant du plaisir ?
On décrypte ce lien qui unit le.la dominant.e à son.sa soumis.e.
Qu’est-ce que le sadomasochisme ?
Rien que le mot fait frémir, le sadomasochisme est une pratique sexuelle qui mêle la douleur au plaisir.
Petite histoire du sadomasochisme
Selon le Larousse**, le sadomasochisme est : « L’obtention du plaisir sexuel par le biais de la souffrance (physique ou morale). On ne parle de sadomasochisme que lorsqu’une relation conduit systématiquement l’un des partenaires à exprimer un désir de soumission (masochisme) et l’autre à le satisfaire par la domination (sadisme). »
Deux hommes sont à l’origine du mot sadomasochisme.
Donatien Alphonse François de Sade, plus connu sous le nom du marquis de Sade, était un homme de lettres français, auteur du livre, Les Cent Vingt Journées de Sodome. Au-delà de son talent d’écrivain, il était célèbre pour le plaisir qu’il prenait à maltraiter les femmes. Ses frasques ont donné vie au mot « sadisme ».
Le terme « masochisme », lui, nous vient de Leopold Von Sacher-Masoch, un journaliste et écrivain autrichien. Il aimait se faire humilier par les femmes et relatait ses aventures dans ses livres, notamment dans le très controversé, La Vénus à la fourrure. C’est en 1880 que le psychiatre Richard Von Krafft-Ebing évoqua le mot « masochisme », suite à l’étude des œuvres de Von Sacher-Masoch où le héros était soumis aux fouets et aux caprices de femmes sadiques.
Le sadomasochisme est une pratique qui repose sur l’autorité et l’obéissance.
Mal considéré, le « SM » est déviant par rapport à la norme sociétale, l’autre n’étant perçu, dans la relation, que comme un objet de jouissance.
Sadomasochisme : une pratique en rédemption ?
En 1919, dans le texte « Un enfant est battu », Freud identifie des écoliers dont le fantasme est d’être battu. Un fantasme rattaché à la notion de plaisir.
D’abord classé comme pratique perverse, le SM entre adultes consentants tend à s’émanciper de son image criminelle même si la douleur et l’humiliation font partie du jeu. Des jeux qui sont d’ailleurs les seuls moyens d’atteindre le plaisir tant convoité.
Pourquoi expérimenter cette pratique ?
Selon sa personnalité, son histoire et son vécu, chaque personne est plus sensible à endosser le rôle de sado (dominant.e, maître.sse) ou de maso (soumis.e).
S’accorder ponctuellement des espaces sadomasochistes ou être un véritable adepte permet de vivre une sexualité exploratrice au travers de scénarios piquants, de déguisements, de jeux sexuels mettant en scène le.la dominant.e et le.la soumis.e.
Derrière son image osée, le sadomasochisme est une pratique où la sécurité du partenaire est primordiale.
Lire aussi l’article : Comment découvrir son profil sexuel ?
Sadomasochisme : confiance et communication
Loin des idées reçues, le sadomasochisme est une pratique qui permet de se sentir en sécurité avec l’autre malgré la déstabilisation propre aux jeux SM.
La confiance, pièce maîtresse du sadomasochisme
La communication est un élément clé dans la pratique très codifiée du SM. En effet, difficile pour le.la dominant.e et le.la soumis.e de s’abandonner s’ils.elles ne se sentent pas totalement en osmose.
C’est ainsi que les mots d’alerte s’invitent dans les scripts sexuels.
Alerte-moi !
Une étude ethnographique et participante menée par « Hermès, La Revue » de 2007 à 2013 dans les milieux BDSM hétérosexuels français et allemands (Paris, Lyon, Nancy, Le Cap, Berlin, Hambourg) prouve que les relations sadomasochistes sont régies par un accord oral ou par un contrat écrit.
Ces accords ou ces contrats définissent les modalités établies entre le.la dominant.e et le.la soumis.e : scripts sexuels, préférences de chacun, choix des instruments, seuils de tolérance.
La mise en place de ce contexte sécurisé est également encadrée par des mots d’alerte, qui ont pour but d’avertir le.la dominant.e que le.la soumis.e n’accepte pas ce geste ou cette situation.
Un lâcher-prise total
Une fois l’accord ou le contrat conclu, l’exploration peut commencer. Les adeptes du SM évoquent un lâcher-prise qui leur permet de dépasser leurs limites en toute confiance.
Ainsi connectés, ils flirtent avec un état euphorique proche de l’extase où les sensations sont décuplées.
L’imagination au service de l’excitation
Autre élément phare de la relation, l’imagination, ciment de la relation sadomasochiste.
Les scripts sadomasochistes
L’imagination est l’ingrédient principal des scénarios sadomasochistes. En effet, celle-ci donne vie aux scripts mettant en scène les jeux SM.
Chaque rôle, chaque situation sont définis en amont pour une dynamique corporelle sans retenue.
Cette créativité partagée ouvre une porte vers une jouissance intense et une excitation extrême.
Une sexualité brûlante
Le sadomasochisme permet d’avoir une sexualité hors des sentiers battus. Dans un rapport SM, toutes les parties du corps sont sollicitées et mises au défi pour sublimer les fantasmes. Très réceptifs l’un à l’autre, le.la dominant.e et le.la soumis.e jouent la carte du dialogue érotique. Tous leurs sens sont en éveil grâce à l’utilisation d’ordres, de punitions et d’instruments (pinces, fouets, menottes, cagoules, suspension…).
Les corps ainsi éprouvés communient pour encore plus d’ivresse.
Sadomasochisme : repousser ses limites
En s’abandonnant, les amant.es peuvent plus facilement s’affranchir des normes et créer un univers où le désir s’émancipe de la morale.
Le sadomasochisme est une pratique singulière et hors norme qui permet à ses adeptes d’explorer leurs limites dans un cadre sécurisé, sain et codifié.
Ainsi, connecté.es, les dominant.e.s et les soumis.e.s peuvent s’inventer une sexualité où les corps et les esprits chancellent de plaisir.
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Eva
Sources :
* Étude réalisée par C-date en Europe et au Brésil entre le 21 août et le 21 septembre 2012 auprès de 41 184 membres du site « CasualDating ».
**Définition selon Le Larousse.
Photo : pexels
Article mis à jour le, 14/11/23