Libertinage : en parler ou pas autour de soi ?
Vous êtes libertins, en couple ou en solo, vous aimeriez parler de cet univers qui enchante vos désirs. Problème, vous vous demandez quelle va être la réaction de votre entourage. Libertinage : coming out ou pas ? Si certains appliquent l’adage « pour vivre heureux, vivons cachés », d’autres choisissent la transparence ou sélectionnent l’auditoire. Témoignages.
Eve, la militante passionnée : « J’ai réussi à convaincre mes amies les plus réfractaires ! »
« Le libertinage est une passion. Je ne peux pas m’empêcher d’en parler à certaines amies, non libertines. J’ai du faire beaucoup de pédagogie car elles pensaient que c’était vulgaire et faisaient parfois la confusion avec l’échangisme. Je leur ai démontré que je me respectais, que j’étais libre. Mes amies savent que j’ai la tête sur les épaules, que je ne fais pas n’importe quoi ou que je ne me laisse pas influencer. J’ai un doctorat en psychologie, alors ça m’aide peut-être à expliquer ma démarche ! En même temps, j’en parle avec une réelle volonté de faire tomber les tabous et les clichés sur cet univers. Si on explique le libertinage avec les bons mots, sans choquer, les gens peuvent comprendre. Même mes amies les plus réfractaires ont compris. Elles n’ont pas adhéré pour autant, mais elles ont compris. C’est avant tout un partage d’expérience et de plaisirs. Des rencontres qui me révèlent à chaque fois différente et qui parfois me remettent en question. C’est l’aventure humaine qui me passionne. »
Judith, la discrète : « Je préfère ne pas prendre de risque »
« J’étais tellement heureuse de franchir le pas, de découvrir un plaisir encore inconnu, que je voulais vraiment partager mes rencontres libertines avec mes copines lorsque j’ai commencé. Et puis, après réflexion, en lisant quelques discussions sur des forums, j’ai préféré me taire pour ne pas prendre de risque. Et finalement, cela m’a appris à être plus mûre et indépendante dans mes relations amicales. Je ne déroche plus le téléphone dès qu’un truc m’arrive. C’est parfois frustrant, mais j’ai aussi rencontré des amies libertines avec qui je peux échanger en toute liberté. J’ai donc trouvé un équilibre. Et le cloisonnement me va très bien. »
Simon, le pragmatique : « J’adapte mon discours en fonction de mes amis »
« J’ai tendance à en parler facilement car je n’ai aucune honte. Mes amis les plus proches sont au courant et ne me posent pas plus de questions que ça. Ce n’est pas parce qu’ils le savent, que le libertinage devient un sujet de conversation banal entamé entre le fromage et le dessert. Mais je fais attention à qui je m’adresse. Certains amis, moins proches, ne sont pas au courant car je n’ai pas envie de me justifier. Ceux qui me connaissent le mieux ont écouté, posé quelques questions, mais sans arrière pensée ou sans jugement. Je ne sais pas comment réagiraient les autres et je préfère ne pas le savoir. Je n’ai pas envie d’adopter une posture de militant de la cause. Je préfère évidemment ne pas évoquer le sujet avec mes collègues de travail, ce qui risquerait de bousculer nos rapports professionnels. Et je n’ai pas envie que cela remonte aux oreilles de la hiérarchie. »
Félix, le déçu : « Les regards ont changé et j’ai perdu une amie »
« J’ai voulu en parler au tout début et très vite. C’est un peu comme lorsque l’on est amoureux. J’avais envie de me confier pour parler de ce nouveau bonheur, de cette folle liberté qui ouvre l’horizon. Et là, j’ai pris une douche froide. Je me suis confié à une de mes amies pensant justement qu’une femme serait plus à l’écoute et aurait un regard plus fin qu’un homme. Elle avait une telle image du libertinage qu’elle m’a immédiatement jugé et enfermé dans la case des « pervers ». J’ai essayé de lui expliquer, mais ça l’a choqué et bouleversé. Du coup je n’en ai plus reparlé, mais nos rapports ont changé, la distance s’est installée, jusqu’à la rupture. Avec le recul, je pense qu’elle a cru que j’aurai pu poser un autre regard sur elle pour la prendre comme « objet » de mon désir. Depuis, je me méfie. Quelques amis (hommes uniquement) le savent, mais je reste discret et ne rentre jamais dans les détails. Ça les fait sourire, c’est tout »
Aude et Cyril, protecteurs : « Notre vie sexuelle ne regarde personne, pourquoi en parler davantage si nous sommes libertins ? »
« De la même manière que nos familles et nos amis ne savent pas que nous aimons les fellations, mais pas la sodomie, nous ne voyons pas pourquoi nous parlerions davantage de nos aventures en clubs libertins. Notre vie sexuelle ne concerne ni nos parents, ni nos amis, ni nos enfants. Et heureusement ! Sans compter que cela pourrait engendrer un regard vers madame un peu « différent » et soudainement moins respectueux… C’est notre jardin secret, un plaisir inavoué qui renforce encore plus notre complicité »
Photo : pexels
Article mis à jour le, 03/07/22